Veiller sur elle Jean-Baptiste Andrea

Coup de cœur

On n’a pas vraiment de mérite de vous proposer ce coup de cœur déjà largement salué par la critique, la presse et le monde littéraire qui l’a récompensé à sa juste valeur en lui attribuant le Prix Goncourt 2023. Pourtant, on a, nous aussi, beaucoup à en dire !

On ne connaissait pas la plume de Jean-Baptiste Andrea avant de découvrir Veiller sur elle et plus encore que par sa plume, on a été par son sens de l’histoire avec un grand et un petit h. A travers la vie de Mimo d’abord et de Viola qui va très rapidement croiser sa route, c’est une plongée dans l’Italie du début du 20e siècle, la montée du fascisme, puis la chute d’un régime qui est donnée à voir, mais aussi une peinture de l’Italie rurale comme du carcan dans lequel vivent enfermées malgré elles les femmes même les plus aisées socialement.

Mimo, né d’un père sculpteur, est envoyé chez son oncle en Italie, dans sa prime adolescence, pour y parfaire son art et apprendre le métier. Sa mère, elle, restera en France pour ne le rejoindre que de nombreuses années plus tard.

L’extraordinaire don de Mimo pour le métier ne lui attire pas les sympathies de l’oncle alcoolique. C’est en travaillant une après-midi à un travail de réfection sur le toit de la demeure des Orsini, famille aristocratique du village, que Mimo fera la connaissance de la jeune sœur de la famille : Viola.

Plusieurs mondes les séparent et rien ne les autorise à se fréquenter, pas même en tant qu’amis. Mimo est pauvre, Viola riche et cultivée. Ces deux-là partagent en revanche la même appétence pour l’apprentissage et les choses nouvelles. Jeune fille « à part », Viola va très vite se lier fortement d’amitié avec Mimo à qui elle fait découvrir des ouvrages sur l’art, la peinture, la botanique, qu’elle substitue régulièrement dans la bibliothèque paternelle où, elle-même, nourrit sa soif de savoir en cachette.

Fondamentalement libre, Viola rêve de voler de ses propres ailes. L’ensemble du roman, s’il suit l’ascension sociale et le succès croissant de Mimo qui le mèneront jusqu’au Vatican en passant par Florence pour revenir ensuite à son village (fictif) Pietra d’Alba, en Ligurie, donne à voir les nombreuses tentatives d’émancipation de Viola, femme pensante, déterminée et courageuse dont le seul tort est d’être née femme à une époque où l’Italie ne les envisage pas autrement qu’en bonnes épouses et mères lorsqu’elles sont de sa condition.

D’envol, il est question à plusieurs reprises dans ce très beau roman. On vous laisse découvrir les résultats et conséquences de ces tentatives sur la vie des protagonistes.

Résumé

Au grand jeu du destin, Mimo a tiré les mauvaises cartes. Né pauvre, il est confié en apprentissage à un sculpteur de pierre sans envergure. Mais il a du génie entre les mains. Toutes les fées ou presque se sont penchées sur Viola Orsini. Héritière d'une famille prestigieuse, elle a passé son enfance à l'ombre d'un palais génois. Mais elle a trop d'ambition pour se résigner à la place qu'on lui assigne. Ces deux-là n'auraient jamais dû se rencontrer. Au premier regard, ils se reconnaissent et se jurent de ne jamais se quitter. Viola et Mimo ne peuvent ni vivre ensemble, ni rester longtemps loin de l'autre. Liés par une attraction indéfectible, ils traversent des années de fureur quand l'Italie bascule dans le fascisme. Mimo prend sa revanche sur le sort, mais à quoi bon la gloire s'il doit perdre Viola ? Un roman plein de fougue et d'éclats, habité par la grâce et la beauté.

Auteur :
Andrea, Jean-Baptiste
Éditeur :
L'Iconoclaste,
Langue:
français.
Pays:
France.
ISBN:
9782378803759.