La Fanatique Lolvé Tillmanns
Coup de cœur
Comment une jeune femme ravissante, éduquée, instruite et polyglotte, au beau-père juif et adoré, a-t-elle pu devenir une des personnalités féminines les plus influentes du IIIe Reich ? C’est ce que Lolvé Tillmanns explore dans La fanatique, un roman historique fort bien documenté, à lire absolument.
On a lu La fanatique sans consulter sa 4e de couverture au préalable et on vous recommande de faire de même, tant il est brillamment mené. Un récit édifiant qui n’en prend d’abord pas les contours. L’histoire commence à la naissance de M., fille née d’une union illégitime entre une employée de maison et son patron qui ne reconnaîtra pas son enfant avant de longues années.
Déjà enfant, M., dont le prénom n’est jamais énoncé au cours du roman, est belle et intelligente. Elle sait ce qu’elle se veut et a du caractère. Elle se rêve reine et rien d’autre.
Grâce au mariage de sa mère avec un certain Friedlander, elle bénéficiera d’une excellente éducation, fréquentera les meilleurs pensionnats entre la Belgique et l’Allemagne.
Adolescente, elle vivra son premier grand amour avec Victor, frère de sa meilleure amie Lisa Arlosoroff, issu d’une famille juive d’origine russe. Lui est déjà très attaché au retour des Juifs en Palestine. C’est pourtant avec un homme bien plus âgé qu’elle, protestant austère du nom de Günther Quandt qu’elle sortira du pensionnat et célébrera son premier mariage duquel naîtra le petit Harald.
M. n’est pas exactement un modèle de femme soumise inscrite dans ce que les convenances sociales attendraient d’elle en ce début de XXe siècle. Elle boit, beaucoup, s’ennuie dans un mariage où elle sert de faire-valoir alors qu’elle rêve de briller, trompe son mari avec Victor…
Tillmanns la fait passer pour une femme au comportement parfois « hystérique » et colérique, une femme qui ne comprend rien à la politique. Une femme qui, après son divorce de Quandt, vivra un virage radical dans sa vie, au sens propre comme au figuré, lorsqu’elle rencontrera G., G. dont elle tombera éperdument amoureuse, qui exercera sur elle un pouvoir de fascination déconcertant, avec qui elle se remariera et aura six enfants, dès le début du IIIe Reich.
L’auteure mène très adroitement son récit. Elle laisse planer le mystère le plus longtemps possible sur l’identité de G., puis celle de H., donne le temps à l’intrigue de se mettre en place. On a aimé ce jeu sur les initiales, tantôt celles de prénoms, tantôt celles de noms.
Le mal porte-t-il d’ailleurs un nom ? Lolvé Tillmanns, à travers son roman, l’humanise. Les enfants de M. donnent du « Oncle Adolphe », récitent poésies et scénettes en toute innocence à ce proche de la famille accueilli comme il se doit par des bouchées végétariennes. Elle brosse également le portait d’une femme qui, si elle a côtoyé intimement les hommes les plus influents du régime nazi, défendu leurs idées jusqu’à prêter son image à celles-ci, n’en était pas moins une mère souhaitant le bien de ses enfants, attirée par le bouddhisme et le concept de réincarnation.
Qui était M. ? Lisez donc La Fanatique pour le découvrire…
Résumé
Magdalena Goebbels a soutenu Hitler jusqu’à la dernière minute, jusqu’à la chute au fond de son bunker berlinois. Cette grande bourgeoise, cette beauté polyglotte s’est donnée, corps et âme, à un régime ultraviolent qui considérait les femmes comme des ventres de qualité variable. Qui était cette femme considérée comme le symbole de l’extrémisme et de l’aveuglement?
- Auteur :
- Tillmanns, Lolvé, Auteur du texte
- Éditeur :
- Éditions Cousu Mouche, DL 2024
- Langue:
- français.
- Pays:
- Suisse.
- ISBN:
- 9782940576746.