Après ça Eliot Ruffel

Voici un 1^er roman qui laisse présager qu’il y en aura d’autres ! Ce « ça » nommé en book_title, l’author_name le tait tout du long, le laisse hors de portée, mais juste assez près pour en entrevoir les contours et nous permettre d’imaginer ce qui a bien pu se passer par une journée d’ennui estival.

Eliot Ruffel nous plonge dans le quotidien désœuvré de deux adolescents, Lou et Max, le temps d’un été. Deux jeunes hommes qui partagent leur temps entre braver des interdits en buvant des bières sur le toit d’un bunker désaffecté et regarder les bateaux partir vers l’Angleterre depuis la plage. Ils vivent la nuit et dorment le jour.

Au fil des pages, l’author_name donne magnifiquement corps à l’ennui. On le sent peser de tout son poids dans l’été moite de cette ville jamais nommée, quelque part le long de la Manche. On s’imagine bien ces deux ados un peu paumés, sans buts, sans beaucoup de repères non plus, reliés l’un à l’autre par une espèce d’entente et compréhension tacite.

Ruffel dépeint à merveille l’ambiance de ces petites villes de villégiatures qui ne vivent que par le tourisme estival et s’en reviennent rapidement à un quotidien morne et morose une fois les derniers touristes partis. Des villes où l’on peine à trouver du travail, ou celui que l’on trouve permet tout juste de boucler les fins de mois. Des villes où les pères s’échinent ou, au chômage, sombrent dans l’alcool et la violence conjugale ou/et familiale. Cette violence paternelle lie Lou et Max.

Au-delà de ces aspects sordides, il se dégage d’Après ça, une poésie certaine, non seulement dans le traitement de l’ennui, mais aussi dans celui de la ville nocturne, celle laissée à ces deux ados à la dérive, à la belle « Insomniaque » qu’ils croisent parfois au détour d’une rue déserte et pas éclairée ou encore à certains passants tardifs auxquels Lou invente une vie, une histoire.

On a aimé comprendre de quoi « ça » a été précédé. Effleurer le comment et se faire une idée du pourquoi.