Patate chaude Marie Beer

Attention, pépite d’humour et de causticité ! Une découverte pour nous que la plume de Marie Beer avec son dernier roman paru aux éditions Encre Fraîche. De prime abord, le sujet ne prête pas tant à rire, puisque le récit s’ouvre sur un suicide, mais attendez…

Ce n’est pas n’importe quel suicide, c’est celui de Kob, jeune anticonformiste, né dans une famille « comme il faut ». Au grand damne de ses parents, il laisse derrière lui des amis jugés infréquentables et un chien inspirant peu la sympathie.

Le roman s’ouvre sur les souvenirs du narrateur, jamais nommé au fil du roman. Il est le frère du meilleur ami de Kob. Il n’a jamais vraiment été son ami. Il ne l’a pas vu depuis de nombreuses années quand il apprend la nouvelle de son décès par les réseaux sociaux, mais l’a toujours admiré, parce que c’était le genre de personnes devant qui toutes les portes s’ouvraient, mais qui « n’en franchissait aucune ».

Il ne se doute pas qu’en se rendant à son enterrement, il va retomber sur une ancienne camarade de classe, Diane Russel, rousse volubile et passionnée avec qui, dans sa jeunesse, il jouait aux Playmobil.

Il se doute encore moins que ladite rousse l’appellera quelques jours plus tard pour lui demander de prendre en charge le chien du défunt, ou plutôt la chienne, Patate de son prénom, énorme molosse d’une cinquantaine de kilos, aux crocs apparents, au faciès écrasé, grognant plus qu’elle n’aboie.

Surdiplômé mais sans emploi, ambitionnant vaguement de créer une start-up sans réel entrain, notre héros, malgré toute la volonté du monde, n’arrive pas à contrer la fulgurante Diane qui finit par débarquer chez lui, réussissant à lui fourguer Patate en amadouant sa grand-mère qui l’héberge.

Cette prise en charge involontaire et inattendue va conduire notre dog-sitter malgré lui, dans des situations plus cocasses et drôles les unes que les autres. Jusqu’à un dénouement final qu’on ne voit pas venir, lors d’une scène en huis-clôt mémorable !

On a adoré le sens du verbe et du phrasé de Marie Beer. Une merveilleuse sensibilité à l’oralité dans ses très nombreux dialogues où chaque personnage, haut en couleurs, se distingue nettement des autres dans ses expressions et son style. La grand-mère ponctuant ses phrases de « Was ? » rappelant ses origines suisses-allemandes, les mots du prêtre et surtout, leur ponctuation, lors de l’enterrement des premières pages, le frère du héros et son vocabulaire peut châtié…

Patate Chaude nous aura aussi fait vivre de bons moments de rires à gorge déployée. Et comme le rire, c’est bon pour la santé, on vous le recommande sans modération !