Faire paysan Blaise Hofmann

Coup de cœur

Un tas de fumier, c’est quoi pour vous ? Un truc moche et nauséabond qui vous gâche la vue lorsque vous vous posez sur un banc pour admirer la campagne ? Ou un trésor qui vous aidera à fertiliser votre champ, à nourrir vos cultures ? C’est bien là tout l’enjeu de notre rapport à l’agriculture.

Nous mangeons tous les jours et nous aimerions manger sainement : sans les agriculteurs, nous n’aurions rien dans notre assiette. Ces gens-là devraient recevoir notre admiration, notre respect. Pourtant, « faire paysan » comme l’écrit Blaise Hofmann, c’est aujourd’hui un pari bien difficile ; et selon qu’on est citadin, écolo bobo, politicien, directeur de supermarché ou agriculteur, on n’aura - forcément - pas le même point de vue sur la question.

Blaise Hofman, écrivain, citadin et fils de paysan, bourlingueur et vigneron, réussit avec ce livre un pari difficile. Il nous offre une enquête, car il part à la rencontre de ceux qui nous nourrissent, et choisit de nous faire entendre leurs voix, leurs choix, leurs attentes, leurs espoirs et leurs désespoirs. Leur rêve aussi, d’être autre chose que des jardiniers de luxe qu’on subventionne pour « entretenir le paysage ». Parce qu’au final, c’est leur dignité qui est en jeu, leur amour du métier, notre alimentation quotidienne et donc notre survie autant que la leur.

Mais le livre va plus loin. Au travail de l’enquêteur s’ajoute celui de l’écrivain. Les mots sont choisis, l’émotion et les images toujours au rendez-vous. La subjectivité de l’author_name et ses souvenirs d’enfance à la campagne, nourrissent le propos avec tendresse.

Le déclic lui est venu en 2021, au moment où nous avons voté sur l’interdiction des pesticides en Suisse. Pour Blaise Hofmann, cette votation aurait dû permettre le débat. Parce qu’il y a pesticide et pesticide, parce que, lorsqu’il s’agit de nourrir une population entière, on ne le fait pas comme quand on cultive son petit potager bio. Mais au lieu de ça, la votation a creusé encore davantage le fossé entre villes et campagnes.

Prendre la plume, c’était témoigner et c’était tenter de rapprocher ces deux mondes indispensables l’un à l’autre. En nous livrant ses doutes, son amour de la nature mais aussi son respect des contraintes et parcours des paysans rencontrés, Hofmann écrit ici un ouvrage touchant dans lequel on apprend énormément. Un livre qui rend modeste devant ce sujet complexe et ce métier tellement digne de respect : celui de paysan. Après sa lecture, vous verrez un tas de fumier autrement, forcément.

Résumé

En ces temps de crise écologique, les paysans ont mauvaise presse. Le fossé se creuse entre eux, qu'on accuse d'empoisonner la terre, et une population urbaine qui aspire à une autre relation à la nature mais ne distingue pas un épi d'orge d'un épi de blé. Lorsque Blaise Hofmann, fils et petit-fils de paysans, revient vivre à la campagne, il est le témoin direct de ces tensions. Lui qui a voyagé dans le monde entier part à la rencontre de celles et ceux qui, tout proches de lui, pratiquent encore le "plus vieux métier du monde", qui est "aussi le plus essentiel". Avec humour et tendresse, porté par une indication grandissante, il emprunte les voies du reportage sur le terrain et d'une réflexion plus intime pour brosser le portrait d'un monde agricole qui se révèle, contre les idées reçues, en constante réinvention de lui-même.

Auteur :
Hofmann, Blaise (1978-....)
Éditeur :
Chêne-Bourg (Suisse), Zoé, 14-Condé-sur-Noireau, Impr. Corlet
Langue:
français.
Pays:
Suisse.
Note:
Bibliogr., 5 p.Diffusé en France
Mots-clés:
Nom commun:
Agriculteurs -- Conditions de travail -- Suisse -- 1990-2020 | Conditions rurales -- Suisse -- 1990-2020
Description du livre original :
1 vol. (214 p.) ; 21 cm
ISBN:
9782889071906.